MÉLANCOLITTORAL

San Diego, Etats-Unis (Californie) - 12/12/2016

Nous longeons maintenant la côte ouest des Etats-Unis depuis un mois et demi. Ce littoral merveilleux, dont Big Sur en est indéniablement la perle, est malheureusement gâché par une route au traffic infernal.

 

Sur presque 2800 kilomètres, de la frontière canadienne à la frontière mexicaine, quasiment aucune place n'est laissée à la balade à pied, à vélo ou à cheval, le long du somptueux rivage. Effectivement, nous sommes ici au pays de l'automobile, où tout est démesuré, plus grand que nulle part ailleurs. Les voitures sont des camions, les caravanes sont des mobil-homes, les camping-cars sont des autocars et les semi-remorques sont des vaisseaux de l'asphalte...

La « Highway » déroule violemment son ruban grisâtre et bruyant sur toute la côte ouest. La route lèche au plus près les criques et les plages qui se retrouvent emprisonnées, chacune, dans l'étreinte étroite d'un lacet étrangleur. Régulièrement, quand la montagne plonge dans l'océan, la route s'élève et creuse un sillon affreux dans la falaise, pour replonger au plus vite sur l'autre versant, vers d'autres rivages à presser au plus près.

 

Pédalant sur le bord de la route, ou admirant un somptueux coucher de soleil sur la plage, comment ne pas sentir alors de dégoût face à la noirceur de l'asphalte, face à l'âpre odeur des émissions carbone ou face au bruit effrayant des moteurs surpuissants ?

 

Nous quittons donc les Etats-Unis sur un constat triste et décourageant : une fois de plus, le développement humain s'est fait en dépit du réel bien être de notre planète et de ses habitants.

 

Les Tourne Sol'

Les photos de la Californie :


ÉMERAUDE ET VERMEILLE

Crescent City, Etat-Unis (Californie) - 20/11/2016

Nous naviguons sur un océan de fougères, drappé d'une brume douce et laiteuse. Nos pieds, enveloppés d'une écume émeraude, s'élèvent, ça et là, pour enjamber des troncs de bois mort, échoués sur les grèves de mousse verte et humide. Notre radeau, incrédule, dérive au gré de fûts gigantesques, fiers et droits, lancés vers un ciel gris et bas, dans le voile duquel les cimes des séquoias s'évanouissent. Nous errons entre le sol indistinct et le plafond vaporeux. Au milieu, les arbres colossaux impossent leur verticalité triomphante et déroulent leurs spirales d'étoffes vermeilles. Notre radeau dérive sur un océan de songes et nos yeux médusés se perdent dans un rideau de bruine silencieuse.

Par leur taille, les séquoia à feuilles d'if (ou sequoia sempervirens) sont les plus grands arbres du monde et parmi les derniers représentants de l'ère des dinosaures. Certains spécimens avoisinent les 110 mètres de haut et vivent parfois plus de 1500 ans. L'espèce est concentrée sur une partie de la côte ouest des Etats-Unis, en Oregon et au nord de la Californie. Ces forêts primaires appréciant la fraîcheur et l'humidité, n'occupent plus que 30 % de leur habitat d'origine. Ce recul phénoménal est dû aux changements environnementaux, mais surtout aux coupes massives. Après avoir été quasiment décimées par l'homme, les forêts de séquoias à feuilles d'if se réduisent aujourd'hui à une peau de chagrin.

 

Grâce au dévouement de quelques passionnés, amoureux de la nature, les derniers "Redwood" sont aujourd'hui protégés par un parc national et des "parcs d'état". Se perdre parmi les derniers sequoias sempervirens est une expérience unique, qui remet l'homme à sa place, dans une nature qui l'a vu naître et fait grandir.

 

Les Tourne Sol'

Les photos de la côte nord-ouest des Etats-Unis (Washington et Oregon) :